Soeur Marguerite-Marie

Sœur Marguerite-Marie

1933 – 2009

         

Maggy est née le 3 mai 1933 à Philippeville, en Algérie.
Dès le retour de la famille en France, elle continue ses études au Sacré-Cœur de Sedan
et s’engage au patronage, comme monitrice d’Ames Vaillantes et de colonie de vacances.

 
Elle est marquée par sa maman profondément chrétienne,
discrète et toute donnée dans son quartier.
Elle fait l’expérience d’une vie professionnelle.
Elle entre dans la Congrégation, le 24 août 1954.
1 an après, elle prend l’habit et prononce ses premiers vœux en 1956.

        

C’est alors qu’elle prépare le diplôme d’état d’infirmière et l’obtient en 1959.
Aussitôt, la voilà envoyée à Charleville comme infirmière.
5 mois après, elle tombe malade et doit partir au « sana » de Guébriant jusqu’en 1963.
En octobre, elle peut reprendre un service régulier dans notre clinique de Reims.
C’est en septembre 1967 qu’elle est nommée dans la Communauté de Mézières,
puis à la petite Communauté qu’on ouvre en HLM
à la « Couronne-Champagne » avec un dispensaire au milieu des gens.


A La Houillère, à Mézières, en 1984 à Nouzonville, infirmière et catéchiste,
proche des personnes qui souffrent,
elle gagne les cœurs par sa compétence d’infirmière,
l’attention aux personnes, les services rendus
et l’écoute qui redonne confiance et soutient…
Son grand esprit de foi face aux difficultés aide les autres.

      

En janvier 1996, nommée économe générale, elle met ses dons au service de la Congrégation,
toujours prête à donner des renseignements, trouver des solutions pour apaiser,
mettre sur la bonne piste car elle a l’art
de retrouver les erreurs des comptes de communauté…
Merci, Chère Sœur Marguerite-Marie, pour ce travail austère accompli dans l’ombre avec sérieux.
C’est alors qu’avec joie, elle partait à Chenay,
pour prendre un peu de recul, de repos, avec sa communauté.

     

Depuis 15 mois, lucide sur le mal qui la rongeait, elle nous a toutes marquées
par son courage, sa sérénité, sa force puisée dans la prière silencieuse
devant le Saint-Sacrement, avec une régularité sans faille.
Elle aimait égrener son chapelet, plongée dans la contemplation.

    

Le pélerinage à Lourdes fut une grande joie qu’elle a beaucoup partagée au retour.

                

En décembre, quand elle a su qu’elle devait à nouveau se soumettre à la chimio,
elle nous a dit à toutes : « C’est mon cadeau de Noël ».
Pressentait-elle la rencontre du Seigneur qu’elle a servi et aimé toute sa vie ?
Obligée d’être hospitalisée, elle savait accepter humblement et simplement les attentions,
les petits gestes des Sœurs plus proches : « C’est des mères pour moi ».
Ces rencontres, ces relations, elle les vivait comme une « visitation » de Dieu.
Quand le Père Marniquet, aumônier de l’hôpital est venu la voir,
c’est avec une grande paix qu’elle reçut les sacrements du pardon,
l’onction des malades et le Corps du Christ et lui a dit :
« Père, votre visite, c’est un cadeau ».

Sa maladie nous a tous profondément et affectueusement réunis à sa famille ;
en Congrégation, nous avons vécu Noël autrement :
Dieu nous a fait entrer un peu plus dans son mystère d’Incarnation
car c’est Lui qui est venu vivre en chacun de nous la souffrance.
C’est la communion dans la prière qui la faisait vivre
ouverte à tous et au service jusqu’au bout.

 Homélie de la messe d’obsèques de Sœur Marguerite-Marie

Nous savions Sœur Marguerite-Marie sérieusement atteinte dans sa santé,
son départ rapide nous surprend cependant.
A vue humaine, nous pensions qu’elle aurait encore pu servir utilement quelques années
la mission dans laquelle elle s’était engagée il y a plus de 50 ans.

   

Lorsque je suis allé la visiter mardi après-midi je l’ai trouvée paisible, accueillante, lucide :
« C’est la dernière étape », m’a-t-elle annoncé. Loin de se replier sur son mal,
elle s’intéressait à tout autre chose qu’elle-même,
jusqu’à me donner des nouvelles d’une personne de Charleville actuellement en rechute.
Des étapes difficiles, elle en avait déjà connues.
Dans les premières années de sa vie religieuse,
elle avait été contrainte à un long temps de soins et de repos.

Sa foi doublée d’un tempérament bien trempé lui permettait
de surmonter les obstacles  et de continuer à avancer avec confiance.
Je crois qu’elle était très attachée à sa congrégation qu’elle défendait jalousement.
Elle était surtout profondément marquée par le charisme de celle-ci,
voulu par son fondateur Nicolas Roland.
Noël, le mystère de l’Incarnation était le centre de sa vie spirituelle,
et le moteur de son action,
l’annonce explicite de Jésus-Sauveur aux hommes de notre temps
et plus particulièrement aux enfants.

C’est à l’occasion de la catéchèse des enfants que je l’ai mieux connue.
C’était à Mézières, à une époque où il n’était pas si facile
d’être animatrice au sein d’une catéchèse
qui cherchait parfois douloureusement un nouveau souffle.
Les groupes d’enfants étaient encore nombreux
qui procuraient une certaine satisfaction
mais ne parvenaient pas à étouffer les luttes d’influence
dans le monde des adultes responsables.
Ce n’était pas cela qui freinait son zèle, même si elle en souffrait.
Je me souviens que Sœur Marguerite-Marie rappelait volontiers qu’elle avait un métier.
Elle était infirmière et, à ce titre, dès la fin de la messe matinale,
elle partait, avec sa 2 CV ou sa 4 L, visiter les malades,
visites qu’elle reprenait en fin d’après-midi.
Une autre partie de son temps était consacrée à la pastorale,
visite des familles, animation de réunions de catéchistes, de parents,
préparation des différentes liturgies
jusqu’à mettre la main aux décorations pour rendre celles-ci plus belles, l’ACE.
Elle ne comptait ni son temps ni sa fatigue,
illustrant ainsi cette parole de Saint Jean entendue dans la lecture :
« Vous aussi vous devez donner votre vie pour vos frères ».
Elle savait que ce n’est pas par des paroles et des discours,
mais par des actes que nous devons aimer.
Sa dernière mission comme économe générale lui est une occasion de servir,
de façon inédite pour elle, ses sœurs.
Là encore elle révèle son souci du travail précis, sérieux.
Heureusement la communauté de la Houillère ou de Chenay lui permettent
de respirer un autre air, quelques jours par semaine.

     
Sa dévotion à l’Enfant Jésus la mettait tout naturellement en communion avec Marie.
Je crois qu’elle a beaucoup médité, ces jours-ci, l’événement de la Visitation,
Marie délaissant ses propres problèmes
pour aller se mettre au service de sa cousine plus âgée et dans le besoin.
Ainsi, elle répand autour d’elle le bonheur qu’elle porte en elle.

  

Sa foi rayonnante, Sœur Marguerite-Marie l’a manifestée
de multiples manières durant sa vie :
plus particulièrement dans sa compassion envers les malades,
sa sollicitude pour les enfants, le service de sa congrégation.
Sur son lit de malade, elle a accueilli avec la même foi paisible
les visites qui lui ont été faites comme autant de visitations
au travers desquelles elle a reconnu la tendresse de Dieu pour elle.
Elle nous rappelle que les occasions de tristesse
et de souffrance ne sont pas plus épargnées aux croyants qu’aux autres.
Pourtant, ceux-ci ont reçu, au fond de leur cœur,
une source de bonheur vraiment intarissable.
Rien ne peut altérer la joie de celle qui porte en elle son Dieu.
Marie avait pour mission de faire naître le Messie dans le monde.
Nous aussi nous sommes appelés à le faire naître là où nous sommes.
Certes, il y a des « oui » qui ne sont pas faciles à exprimer.
Ils sont cependant la chance qui nous est offerte pour accueillir,
dans l’imprévu le plus souvent, le don de Dieu.
Sœur Marguerite-Marie me disait que le mal l’avait reprise brutalement
le 7 décembre, veille de l’Immaculée Conception.
Elle remettait sa vie entre les mains du Seigneur,
le jour de la fête de Marie, Mère de Dieu.
Avec elle, elle peut maintenant chanter « Magnificat ».
Son départ, au-delà de la tristesse, interpelle notre foi, notre Espérance.
Nous lui disons merci pour le témoignage qu’elle nous laisse.
Elle intercède pour nous, que notre prière reconnaissante lui reste fidèle.
Père André Rousselle

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