Discussion sur sourire

 

Un sourire  

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu’un instant, mais son souvenir est parfois éternel.

Personne n’est assez riche pour s’en passer,
Personne n’est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l’amitié. 

Un sourire donne du repos à l’être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s’acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c’est une chose qui n’a de valeur
qu’à partir du moment où il se donne.

Et si toutefois, vous rencontrez quelqu’un
qui ne sait plus sourire,
soyez généreux, donnez-lui le vôtre,
Car nul n’a autant besoin d’un sourire
que celui qui ne peut en donner aux autres.

Raoul Follereau.

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Epreuve de la Révolution

 L’épreuve de la Révolution

Vint la grande épreuve ! La Maison des Orphelins ne fut pas épargnée par la Révolution.
Nous savons, par la correspondance de vertueux ecclésiastiques de cette époque,
combien édifiante fut la conduite des Sœurs
qui refusèrent énergiquement de prêter le serment civique.

Le 30 avril 1792, elles entendent à leur porte les cris d’une multitude furieuse ;
remplies de crainte, elles refusent d’ouvrir ;
les émeutiers s’emparent de la pioche d’un voiturier qui passait,
en frappent la porte à coups redoublés et l’enfoncent ;
ils se précipitent dans la Maison, la parcourent en tous sens,
cherchant les Sœurs qui s’étaient cachées, en proie à de mortelles angoisses.
Ils les ramènent dans la cour, où ils avaient dressé une table,
et veulent les forcer à prêter le serment.
Reprenant alors leur énergie, sans se laisser inti­mider
par les menaces de ces furieux,
elles opposent un refus formel.
On ne leur épargne ni insultes, ni coups.
La foule s’en prend tout particulièrement à la Supérieure, la Sœur Testulat
et l’entraîne hors de la Maison.
Craignant pour sa vie, quelques-unes de ses Soeurs veulent la suivre ;
elle leur ordonne de rester.
Au milieu des huées et des cris, elle est conduite sur la place Saint Maurice,
puis à la place Suzanne, enfin à la place Saint Remi.

On la somme de prêter le serment, elle refuse de nouveau :
« A la lanterne » crie la foule !
Enfin par la  place Saint Nicaise, elle est ramenée rue des Orphelins.
Alors, seulement, arrive la Garde Nationale
qui met un terme à cette scène de brigandage.

Pendant 10 ans, les Sœurs subirent toutes sortes d’avanies.
L’Administration des Hospices leur enleva la direction des Orphelins.
En 1799, elles durent abandonner leur Maison dans laquelle depuis sept ans,
la Municipalité ne tolérait plus que dix enfants.

L’immeuble fut loué par la Ville à divers habitants,
et la chapelle servit de remise à un menuisier.

Les proscrites avaient pu néanmoins emporter leurs trésors,
c’est-à-dire leurs reliques et mettre eu sûreté les archives.
Un menuisier de la rue de Contrai, M. Delègne,
consentit à accepter le pieux dépôt et il le garda facilement.
Les religieuses vécurent de la charité des bons catholiques,
continuant dans l’ombre à se dévouer au clergé,
aux pauvres, aux prisonniers !…
Parmi ces vaillantes, il faut citer : la Sœur PÉROT,
que son intrépidité exposa plusieurs fois à la mort,
et la Sœur Varlet qui, malgré tous les obstacles,
continuait dans un petit pensionnat,
ouvert par ses soins, dans la cour du Chapitre,
sa noble mission d’éducatrice.

Pendant longtemps, la maison de Sœur Varlet offrit un abri
à un prêtre insermenté, l’Abbé Bocquet,
qui exerçait secrètement son ministère ;
plus d’une fois, les Sœurs s’exposèrent à la mort
pour dépister les perquisitions des agents de la tyrannie.

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Existence légale retrouvée

Existence légale retrouvée

La Révolution semblait avoir anéanti l’œuvre
fondée un siècle auparavant, par le dévoué M. Roland.
Mais en lui accordant une nouvelle ère de paix,
Dieu récompensa la Communauté de sa belle attitude pendant la persécution
et nous allons la voir se relever de ses ruines et retrouver sa prospérité.

Dès l’année 1803, le Conseil municipal de Reims invita les Sœurs
restées dans la ville à reprendre leurs fonctions dans les écoles.
C’était leur plus cher désir : elles s’empressèrent d’accepter.
Elles se mirent immédiatement à l’œuvre.
Les lois s’opposaient encore à la reconsti­tution d’une communauté régulière ;
pour s’en rapprocher autant qu’il était possible, elles formèrent une association
sous le titre de Société
des Sœurs de l’ancienne communauté du Saint Enfant Jésus.
Elles étaient douze réunies, le 23 novembre 1803,
quand elles prirent l’engagement de vivre ensemble
dans la pratique des vertus religieuses.

Les Sœurs quittèrent aussi l’humble habit
qui les avait cachées pendant la Révolution
et reprirent un costume qui se rapprochait
de celui qu’elles portaient autrefois,
celui des Sœurs de Saint Charles de Nancy :
le mouchoir de cou était rond, et sous la coiffe de taffetas noir,
deux bandes de toile blanche retombaient sur les épaules.

Les écoles dirigées par les Sœurs de l’Enfant Jésus prospéraient ;
la confiance des parents s’affirmait hautement
par le grand nombre des enfants envoyés dans les classes ;
mais la plupart étaient pauvres :
les Sœurs, heureuses de se conformer à l’esprit de leur Institut,
donnèrent gratuitement l’instruction à un grand nombre de leurs élèves.

Rendant justice à leur dévouement, le Maire de Reims pouvait dire en 1806 :
« Si les écoles se sont soutenues jusqu’à ce jour,
c’est aux Institutrices seules que l’on doit en avoir l’obligation ».

Pour les fixer à Reims, la Ville leur rendit leur Maison,
et sollicita le rétablissement de leur Congrégation.

En 1817, on put enfin restaurer et rendre au culte la chapelle bâtie par le pieux Fondateur ;
elle n’avait servi que trop longtemps à des usages profanes.
On devine avec quelle joie les religieuses en reprirent possession.
Le 25e jour de chaque mois y fut de nouveau célébré avec solennité.

Un peu plus tard, le 2 juillet 1823, les Constitutions révisées selon les besoins du temps,
furent approuvées par Mgr de Coucy ;

 

enfin, en 1827, grâce à la protection d’un autre archevêque de Reims, Mgr de Latil,

un décret de Charles X rendit à la Communauté son existence légale.

   

 

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Septembre 1939 : Sœurs mobilisées par ‘la Croix Rouge’

Septembre 1939 : Sœurs mobilisées par ‘la Croix Rouge’

Le décret de Napoléon III (1853) avait reconnu la Congrégation du Saint Enfant Jésus
apte à l’éducation des filles et au soin des malades.

Suite aux lois laïques (1883-1903), les Sœurs ne peuvent plus faire
leurs études d’infirmières dans les hôpitaux.

Elles obtiennent alors des diplômes de ‘la Croix Rouge’
et furent ainsi enregistrées dans les préfectures :
elles devaient être disponibles en cas de conflits.

La Congrégation avait ouvert une clinique et une maison de retraite pour Dames
en remplacement de l’Ecole Normale et du Pensionnat.

Or, dès 1936, Monseigneur Verdier avait créé à Paris,
à l’hôpital Saint Joseph, une section d’études d’infirmières (2 ans)
pour les Religieuses (70 de 35 Congrégations différentes) :
Sœur Vincent de Paul et Sœur Marguerite y furent envoyées,
puis Sœur Luc et Sœur Denise Michel.

A la Clinique, le Docteur Dubois de Montreynaud exerçait
avec d’autres médecins et chirurgiens.

En septembre 39, mobilisé comme lieutenant médecin chef,
il doit soigner les soldats malades regroupés dans le pensionnat
des Frères des Ecoles Chrétiennes, rue de Courlancy.
Il demande à notre Congrégation des Sœurs ‘Croix Rouge’,
ainsi mobilisées pour y travailler avec lui.

En mai 1940, les réfugiés des Ardennes et d’ailleurs arrivent à Courlancy,

 

 


puis le Docteur Dubois et les Sœurs partent 15 jours
à Notre Dame d’Epernay puis 3 semaines à Auxerre.

En juin 1940, la débâcle !…
Pendant 3 jours, accueil des ambulances : soins aux blessés.
Enfin tous évacués, par Nevers et Moulins, à Aurillac.

En octobre 1940 : les 3 Sœurs « mobilisées » peuvent
remonter à la Clinique de la Congrégation.

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Elève infirmière en 1938 – 1940

 Elève infirmière en 1938 – 1940

En septembre 1938, Sœur Saint Léon (Denise Michel)
est envoyée
à l’hôpital Saint Joseph de Paris
pour des études d’infirmière, une sœur seule pour la première fois.

Après les accords de Munich (fin septembre 1938 ),
aux vacances de Noël 1938 et à celles de Pâques 1939,
avec Sœur Sainte Renelde ( Marie-Thérèse Bourtembourg ),
les supérieures nous demandent de conduire des sœurs de l’infirmerie
et quelques autres plus âgées au Tardet.

3 septembre 1939, à cause de l’invasion allemande en Pologne,
l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
Celle-ci envahit la Belgique et la France.
A Paris, nous, élèves infirmières, sommes mobilisées
pour accueillir les émigrés en gare du Nord et de l’Est
et les conduire en gare de Lyon.

En mai 1940, Mère Inchelin, Directrice de Saint-Joseph,
prévoyant l’aggravation des événements (elle avait vécu 1914 !),
donc un besoin d’infirmières, avait obtenu du gouvernement
que ses élèves bien prêtes passent un diplôme d’état anticipé de date.

En effet, le 6 juin 1940, Hitler est à Paris !

Mère Inchelin demande aux infirmières religieuses de rejoindre leurs Congrégations.
Pour moi, impossible à Reims bombardé.
Je sais que Mère Saint Isabelle est à Mainsat ;


pour aller à la gare la plus proche : Auzances,
il faut passer par Bourges et Limoges : je mettrai près de 24 heures.

En arrivant à Auzances, le Seigneur m’attendait :
Je rencontre Madame Bouvier, émigrée de Charleville,
qui m’indique la route : Mainsat, environ 10 kms ;
elle s’excuse de ne pouvoir m’y conduire, faute d’essence ;
peu importe, j’étais sur la bonne voie, cela suffisait !

Quelle joie de me retrouver dans les bras de Mère Ste Isabelle,


et avec mes sœurs !

Une autre activité m’est alors confiée :
une ou deux fois par semaine, avec Sœur Sainte Renelde,
nous faisons à vélo le facteur entre Mère Ste Isabelle
et Mère Ste Victorine, à Moisse ;


nous mettions précieusement le courrier contre notre cœur,
pour qu’il ne soit pas découvert si nos papiers étaient contrôlés.

Mère Ste Isabelle se désolait quand ces communications
nécessitaient trop de courses à vélo,
mais je la rassurais : le vélo, c’était mon plaisir !
Je voyais tellement Dieu dans cette supérieure
que je n’aurais pas hésité à traverser la rivière à la nage,
sans savoir nager, si elle me l’avait demandé…

Le début de la guerre m’a fait comprendre que Dieu est là,
dans tout événement, bon ou mauvais :
il suffit de le laisser faire, de s’abandonner avec confiance,
et de revoir chaque épisode de sa vie avec Lui.
La guerre, chose mauvaise, m’a mûrie et beaucoup éclairée :
elle m’a obligée à voir les réalités en face,
à éviter de m’arrêter à des bagatelles.

Sœur Denise Michel

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Nouvel essor


Nouvel essor

Après les guerres de l’Empire et les malheurs de l’invasion,
l’instruction à tous les degrés reprit son essor.
Sollicitées par un grand nombre de familles rémoises,
encouragées par les administrateurs de la Cité,
les Sœurs, en 1816, ouvrirent un pensionnat dans la rue du Barbâtre.
Sœur PÉROT accourut d’Epernay rejoindre ses anciennes compagnes ;
et ensemble, elles réalisèrent le projet.

Durant tout le XIXe siècle, le Pensionnat forma de nombreuses générations
de femmes fortes et de mères chrétiennes.
 

En 1829, à la mort de la vénérée Supérieure, Mère Ratueville,
Sœur PÉROT fut élue pour la remplacer.
Une de ses élèves, Elisa Tourneur, lui succéda dans la charge de directrice du Pensionnat
qu’elle exerça pendant 20 ans.
Religieuse de grand talent et de grande vertu,
Sœur Tourneur, plus tard Sœur Ste Paule,
donna à l’œuvre une impulsion puissante,
et le nombre des élèves s’accrut rapidement.
La prospérité du Pensionnat était due surtout
à la solidité de son enseignement
et au caractère de simplicité conservé à l’éducation.

En 1853, l’Administration départementale confia
aux Sœurs du Saint Enfant Jésus,
le cours normal des institutrices primaires.
Sous l’habile direction de Sœur Ste Paule et de la maîtresse, Sœur Ste Euphrosine,
qui fut chargée du cours normal pendant plus de vingt ans,
grâce au bon esprit et à l’application des élèves,
des institutrices capables se formèrent ;
les examens de sortie témoignaient de leur science,
et dans la carrière de l’enseignement,
elles montraient qu’avec les aptitudes pédagogiques,
elles possédaient les vertus nécessaires à quiconque assume la tâche honorable,
mais difficile, de former le cœur et l’esprit des enfants.

 

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Reconstruction et expansion

   Reconstruction et expansion

Sous le ferme et sage gouvernement de Mère Pérot,
l’œuvre de M. Roland avait pris un nouvel essor.
De nombreuses vocations permirent d’ouvrir
cinq autres écoles dans les divers quartiers de la ville.

Dès que Mgr Gousset eut pris possession du siège de Reims,
il recueillit partout, dans ses visites pastorales,
le vœu des populations demandant des religieuses pour diriger les écoles de filles.

 
Enfin, après un demi-siècle, les Sœurs pouvaient reprendre
une de leurs traditions les plus chères :
les écoles de campagne.
Le premier établis­sement fut celui de Bourgogne, en 1845.
En 10 années, dix écoles et deux pensionnats furent fondés ;
ce mouvement d’extension s’accentua encore les années suivantes.
Toutes les paroisses où furent envoyées les Sœurs,
à leur tour, donnèrent des novices à la Congrégation. 
 

Le Cardinal Gousset profita du développement de l’Institut
pour solliciter le décret impérial du 29 novembre 1853
qui érigeait la Com­munauté du Saint Enfant Jésus
en Congrégation à Supérieure géné­rale,
ayant pour double but l’instruction chrétienne des jeunes filles
et le soulagement des malades.

    

Les Sœurs obtinrent du Cardinal de n’être plus désignées par leur nom de famille,
mais par celui d’un saint. Le changement de nom se fit aussitôt ;
toutes se choisirent une patronne qui fut leur modèle et leur protectrice.
Vers cette époque, leur costume fut légèrement modifié.
Depuis lors, il consiste en une robe d’étoffe noire,
une pèlerine de drap de même couleur,
un ban­deau blanc, une coiffe de mousseline recouverte d’un voile noir.
Les professes portent sur la poitrine une croix d’argent.

Les bâtiments de la Maison-Mère qui dataient du XVIIe siècle
étaient devenus insuffisants et tombaient de vétusté.
Ils furent rem­placés par un vaste et bel immeuble qui abrita le pensionnat.
La nouvelle chapelle fut bénite par le Cardinal Gousset en 1860.
Les travaux avaient été dirigés par M. Lambert, Supérieur de la Congré­gation.

Prêtre d’une sagesse, d’une prudence et d’une fermeté remar­quables,
il fut le conseiller et l’auxiliaire de Mère Perrot.
Depuis 1853, jusqu’à sa mort (1872), il fit sienne l’œuvre de l’Enfant Jésus ;
ses exemples et ses enseignements n’y sont pas oubliés.
La Communauté garde non moins fidèlement la mémoire de M. Gérard, neveu du Cardinal Gousset,
longtemps aumônier du Pensionnat et son bienfaiteur insigne. 

Depuis 1859, la Supérieure de l’Institut était Mme Adèle de Bohan (Mère Sainte Adélaïde).

Douée de qualités éminentes pour la direction des âmes
autant que pour l’administration générale,
Mère Sainte Adélaïde contribua puissamment
à l’expansion de l’œuvre de M. Roland.
Pendant les 31 années qu’elle fut en charge,
son zèle pour la Gloire de Dieu ne connut pas de bornes.
En 1873, encouragée par Mgr Landriot,
elle accepta d’annexer à la Congrégation,
les Sœurs de l’Orphelinat du « bon Père Charlier » fondé en 1837.
Les Sœurs de la rue du Barbâtre n’avaient pas oublié leurs origines ;
elles furent heureuses de se dévouer aux orphelins recueillis à Bethléem.

 

 

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Non, je ne regrette rien !…

 Non, je ne regrette rien !…

 

Je suis entrée dans la Congrégation du Saint Enfant Jésus en 1912.
J’avais vingt ans, j’en ai quatre-vingt-onze !
Je puis affirmer librement et en conscience
que je n’ai jamais eu un sentiment de regret !

J’ai partagé toutes les peines de la Congrégation :
tout d’abord la laïcisation en 1905 ;
toutes les écoles fermées, les sœurs rentrant à ‘la Maison Mère’.
On a continué à faire la classe dans la clandestinité ;
il fallait apprendre la « Règle de vie » par coeur,
car on n’avait qu’un seul manuel par communauté, manuel soigneusement caché,
car il aurait été dangereux lors des visites d’inspecteurs.

J’ai vu la Maison-Mère bombardée en 1914 et quatre de mes Sœurs tuées ;
j’ai vu la deuxième guerre et un incendie accidentel…

J’ai partagé aussi les joies lors des Chapitres,
des profes­sions, des Noces d’or ou de diamant.

Maintenant on peut faire la classe avec l’habit religieux, librement.

Je suis revenue à 78 ans à la Maison Mère de ma Congrégation.


Je suis dans le calme, le recueillement, la prière et la joie.

 
J’espère vivre assez pour voir la béatification de Monsieur Roland,
l’arrivée de novices, alors je pourrai mourir dans la joie…

Sœur Jean en 1984

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Suppression de la direction du ‘Cours Normal’

 

 Suppression de la direction du ‘Cours normal’ 

La vénérée Mère vit ses dernières années assombries.
En 1877, l’Académie décidée à enlever aux religieuses de l’Enfant Jésus
la direction du Cours Normal d’Institutrices,
dont elles étaient chargées depuis vingt ans, aurait voulu
donner pour raison la faiblesse des études.
Une Commission composée de M. l’Inspecteur d’Académie, M. l’Inspecteur primaire,
M. le Proviseur du Lycée, M. Senart-Colombier, M. Grenier et Mgr Tourneur, fut convoquée.

Les noms des jeunes filles à interroger furent tirés au sort.
Toutes les élèves désignées répondirent d’une façon très satisfaisante.
Adolphine Arluison, plus tard Sœur Saint-François de Sales,
deux heures durant « tint ces Messieurs suspendus à ses lèvres » (paroles textuelles de M.Senart).

Mais la lutte était engagée sur le terrain de l’instruction,
et l’ennemi ne voulait pas reculer.
En Octobre 1880, les élèves bour­sières furent appelées à l’Ecole Normale de Chalons ;
Le Cours Nor­mal de l’Enfant Jésus se trouva par le fait supprimé.

 

Dans sa prudence, la Communauté s’était empressée
d’adjoindre au pensionnat un Cours supérieur,
préparant aux brevets élémentaire et supérieur, qui fournit au Diocèse,
en même temps que des insti­tutrices chrétiennes,
des mères sages et dévouées, à la hauteur de leur tâche.

Trois ans plus tard, les Sœurs durent quitter les salles d’asile,
puis toutes les écoles communales de filles.
La Municipalité ne put s’abstenir de «rendre hommage
au dévouement des Institutrices de l’Enfant Jésus,
et au zèle qu’elles ont toujours déployé dans l’exercice de leurs fonctions »
(lettre du Maire de Reims à Mme la Supérieure de l’Enfant Jésus).
Leur habit et leur vocation religieuse étaient les seuls griefs qu’on eût contre elles.

Mme de Bohan se montra ferme et digne en ces pénibles circonstances,
et elle soutint ses Sœurs dans cette dure épreuve.
Citons seulement un passage de sa réponse à M. le Maire :
« Vous voudrez bien me permettre de faire toute réserve
sur le motif invoqué par le Conseil pour remplacer nos Sœurs.
Nous ne saurions croire que la loi ni les prescriptions du législateur
puissent être incompa­tibles avec nos devoirs religieux,
et nous restons convaincues que les enfants élevées par nos Sœurs, ne le céderont jamais,
ni en dévouement, ni en amour pour la patrie, aux enfants élevées dans les autres écoles ».

 

Sous l’inspiration de Mgr Langénieux, un comité de catholiques généreux fut formé
en vue de promouvoir la construction d’écoles libres et d’assurer leur fonctionnement.
Le lundi 3 octobre 1883, trois jours après leur expulsion des écoles communales,
les Sœurs prirent possession de nouveaux locaux, où .bon nombre des enfants les suivirent.

Les campagnes montrèrent aussi leur attachement à «leurs chères Sœurs»
et en plusieurs paroisses, des écoles libres furent fondées.

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Récit de Soeur Jean (Suzanne Lux )

 Histoire vécue : récit de Soeur Jean

          En 1906, le pensionnat de l’Enfant Jésus fut fermé.
La Maison aurait été prise par l’Etat,
mais la Congrégation était reconnue à la fois enseignante et hospitalière.
Aussitôt le départ des élèves, en juillet 1906,
tout fut transfor­mé en l’état actuel
et une dame pensionnaire arriva.- en octobre ;
Saint Symphorien ouvrait dans la rue du même nom, avec Mademoiselle Amet,
et tout le person­nel était des Soeurs de chez nous, en civil.

          Je restais comme surveillante, en 1908 (j’avais 16 ans)
et maîtresse li­bre (laïque) jusqu’en 1912.

         La Communauté n’avait plus le droit de recevoir de novices pour l’enseignement.
Il y en avait d’ailleurs juste deux : Sœur Berthe et, je crois, Sœur Marie de la Croix.
Les Supérieures décidèrent d’avoir un noviciat dans la sécu­larisation.
Avec Mère Sainte Angèle et Monseigneur Neveux,
le très dévoué Supé­rieur de la Congrégation.

 
En octobre 1912, j’entrai à la Congrégation, mais rue Saint Symphorien.
A Pâques 1913, Juliette Arend – Soeur Sainte Madeleine – vint me rejoindre.
Pour s’agrandir, la Maison loua l’ancien couvent
des Sœurs de l’Assomption, rue du Marc.
C’est là que, la guerre éclatant, le pensionnat fut bombardé et in­cendié.
Le groupe des Soeurs, celles qui n’avaient pas quitté,
avec l’autorisation de Monseigneur Neveux
(qui faisait le trait d’union avec la Maison Mère),
partit à Ay, chez Madame Cospin, – Sœur Sainte Tharsile -,
tante de Sœur Sainte Julie
– sauf moi qu’on renvoya dans ma famille
(je faisais trop jeune, paraît-il, et on redoutait les Allemands !…),
et j’étais à un mois de mes premiers Vœux.

       Je vins souvent « au 48 », comme on disait,


et quand Sœur Sainte Angèle al­lait visiter ses écoles dispersées,
elle me prenait comme compagne.
 En 1915, je retournai rejoindre le groupe à Ay.

       On faisait la grande retraite annuelle à Châlons
où la Congrégation offrit un asile
à la Maison-Mère, notre cher « 48 » étant aussi incendié.

       1917 – Puis le « groupe » dirigé par Sœur Sainte Eulalie
(Mademoiselle Amet était retournée dans sa famille),
reprit un pensionnat à Châteauneuf-en-Thymerays (Eure-et-Loir).

       En 1919, le pensionnat revint 94 avenue de Laon, où il est toujours.
J’avais donc refait un an de noviciat à Ay et à Châlons.
Mes premiers Vœux, le 8 septembre 1916.

      A cette époque, on faisait dix ans de Vœux annuels.
J’ai fait mes Vœux per­pétuels en 1926, dans la chapelle actuelle.

 

       Pendant que l’on reconstruisait la Maison Mère,
nous allions faire la gran­de retraite annuelle avec la Supérieure Générale,
Soeur Sainte Angèle, plusieurs fois chez les « Dames du Purgatoire », rue Buirette,
et même rue Cazin, là où est maintenant la Maison Saint Philippe, pour les prêtres.

       En temps ordinaire, on communiquait par lettre avec la Supérieure Générale,
ou une à la fois rue du Barbâtre.
Monseigneur Neveux, que l’on pouvait voir très, très facilement,
servait beaucoup de trait d’union.
La Supérieure Générale venait aussi nous voir à la dérobée,
une personne passe assez facilement inaperçue.

Soeur Jean (Suzanne Lux )

Novembre 1983

 
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