Où en est l’animation en 1975 ?

 Où en est l’animation en 1975 ?

La vie a continué… Quelques années après,
en 1975 où en est l’animation ?

Creusement de puits :

Au Tchad, c’est encore la saison sèche ;
la terre se fend, l’herbe n’est plus que du foin,
beaucoup de puits sont taris. Les femmes vont puiser l’eau très loin,
au bord du Lac, ou au fond d’un trou, creusé dans le sable d’un mayo.


D’année en année, le ni­veau de l’eau baisse dans les puits.
Il faut creuser plus profond, il faut creuser de nouveaux points d’eau.
Ce travail a été commencé dans la région, par le Frère Paul, il y a quelques années
et, en ce moment, il est continué avec plus de célérité encore.
Certes, cela ne va pas sans difficultés. La ro­che est dure, très dure même.
Un burin ou une masse ne suffisent pas.
Heureu­sement, une aide financière a permis au Frère Paul
d’acheter un compresseur, et une équipe d’Africains
a été formée pour son fonctionnement.
Travail péni­ble que celui de creuser un puits, sous le soleil d’Afrique !…
Mais quelle joie lorsque l’eau suinte, puis jaillit !

Construction de grenier à mil communautaire :

L’an dernier, les pluies ont été moins abondantes ;
alors, pour cer­tains,les récoltes ont été très maigres
et l’argent manquera pour acheter du mil,
durant les mois de la soudure.
Pour venir en aide aux familles qui souf­friront de la faim,
les chrétiens de Léré construisent un grenier à mil en potopot.
Les femmes transportent l’eau et pétrissent la terre,
tandis que les hommes élèvent les murs.


Grâce à votre générosité, des sacs de mil ont été achetés
et un petit comité se chargera de la distribution.

Fabrication de charrettes : « ambulance » !

Une autre action se met en route.
Comme vous le savez, il n’est pas facile de conduire
une femme enceinte ou un malade à l’hôpital.
Les distances sont plus ou moins longues, parfois 10, 12, 20 km,
et pas de moyens de loco­motion dans les villages.
Alors, des charrettes vont être fabriquées avec deux roues,
quelques barres de fer, et du bois trouvé dans le pays, et aussi un âne…
voilà « une ambulance » qui permettra de soulager et de sauver bien des gens.

Souci de l’hygiène :

Le progrès de l’hygiène reste toujours un gros souci.


Pour connaître les maladies qui font mourir les enfants,
des enquêtes sont menées
– à Léré, par l’école -, dans les villages de la brousse,
par des Africains qui désirent « marcher en avant ». –
Ces enquêtes suscitent de nombreuses rencontres.
Elles sensibilisent les habitants et les provoquent à chercher ensemble
ce qu’il faut faire, pour que la mortalité des jeunes enfants régresse.
Ainsi à Guébané, quelques hommes suivent des cours d’hygiène
pour être capables de conseiller les gens de leurs quartiers.


Des matrones ont été choisies pour un stage de formation à l’hôpital de Léré.

C’est une joie, pour nous, de voir tous ces gens prendre leurs responsabilités,
cherchant le bonheur de leurs frères et apprenant à s’aimer.
La vie se manifeste et c’est une joyeuse espérance.

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Promotion collective

 Promotion collective

Octobre 1975, après la saison des pluies

Cette année, tous les gens sont heureux, car la pluie, en août et septembre,
a été abondante et les récoltes sont bonnes.
L’eau est aussi remontée dans les puits :
tout cela supprimera bien des souffrances.
Pendant la saison des pluies, grâce aux dons que vous nous avez envoyés,
nous avons pu acheter suffisam­ment de mil
pour aider 61 familles de Léré qui n’avaient plus rien à manger.
Tout a été pris en charge par les chrétiens
qui ont construit un grenier, pour stocker les deux tonnes de mil.
Puis le petit comité chargé de la distribution a bien veillé
pour ne prêter ce mil qu’aux plus pauvres.
Au moment de la récolte du mil blanc,
chacun viendra rendre le mil emprunté avec un petit intérêt,
ce qui leur donnera la possibilité d’aider un peu plus l’an prochain.

Mais cette année, les pluies ont été si abondantes
que bien des cases se sont ef­fondrées, ainsi que le grenier à mil.
Il faut maintenant retrouver des bonnes volon­tés
pour reconstruire un grenier plus solide, en ciment,
qui pourra résister aux tornades.
Nous espérons que tous les gens de Léré, qui ont vu et apprécié,
accepte­ront de participer par leur travail et leur argent.

Dans les villages, l’animation sanitaire progresse.

Beaucoup d’hommes et de femmes s’engagent
pour permettre la promotion collective du village.

 
Ils viennent régulièrement à l’hôpital pour de petites sessions de formation.
Tous se sont coti­sés pour avoir une « pharmacie villageoise ».
Les responsables formés conseillent leurs frères,
leur vendent les médicaments
qui empêchent des crises plus graves (surtout le paludisme) :
cela leur évite de faire 20 ou 40 kilomètres à pied…

L’école aussi est bien reprise.

Cette année, l’école ménagère se développe et ouvre ses portes
aux filles sorties de l’école primaire, aux jeunes femmes ma­riées.

 
Soeur Thérèse en a la responsabilité.

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Forage des puits

 Forage des puits

Nous avons la joie d’accueillir dans l’équipe missionnaire,
Daniel Morel, un jeune Suisse, de l’organisme « Frères sans frontières ».
Il vient former une équipe de Moundangs du secteur, au forage des puits.
Il travaille en collaboration avec le Frère Paul Travers de Pala,
qui, depuis plusieurs années, en lien avec des organis­mes internationaux,
est responsable de ce forage des puits dans tout le diocèse.

Voici comment, chez nous, les puits se construisent.

II faut commencer par tamiser le sable pour récupérer le gravier.

Transporter ensuite ce gravier à 300 mètres

pour charger le camion.
Ce Berliet a évacué du gravier jusqu’à 150 km du fleuve.

Mais que d’allées et venues pour sortir 43 mètres cubes !

A Tagal, dans le secteur de Gounou-Gaya, on extrait les cailloux du sol.

Des villageois parcourent parfois 10 km à pied
pour aller dans ces « champs de cailloux ».

« Nous les petits, on aura soif aussi, alors on fait notre part. »

Les plus grands, à coups de marteau,
vont alors concasser ces collines de cailloux.

A plusieurs, on s’encourage, mais attention aux éclats !

Comme l’eau est rare, on lave le gravier dans la brouette.

Grâce à ces moules, on peut fabriquer 10 buses par jour.

Soyons prudents : une buse pèse 200 kg.
Le camion en emmènera une dizaine chaque fois.

On s’est arrêté de creuser parce qu’on a trouvé l’eau ;
on pose alors quelques buses pour éviter les éboulements.
On les fixe définitivement
lorsque l’on juge qu’il y a assez d’eau pour le village.

La buse a 80 centimètres de diamètre et 50 centimètres de hauteur.
Celle-ci fera une margelle solide.

Là, un autre genre : 1 mètre de diamètre intérieur,
50 centimètres de hauteur.
Poids : 450 kg (gravier, fer
, 1 sac de ciment).

Si l’eau est à plus de 15 mètres, on coule le béton au fur et à mesure,
avec un moule en 4 morceaux.
Il faut 2 sacs de ciment pour ces moules de 1 mètre de haut :
le diamètre du puits est de 1 m. 40.
On peut descendre jusqu’à 50 mètres.

Et maintenant nous avons un jardin,

        

Nous cultivons des légumes pour les manger, les vendre,
grâce à « notre » puits… à « votre » puits…

 
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La Transmission orale de la Parole de Dieu

La Transmission orale de la Parole de Dieu

7 mai 1976

Pour que la Bonne Nouvelle soit accueillie aujourd’hui,
un grand travail est fait, en particulier par le Père Vincent,
pour présenter la Pa­role de Dieu aux Moundangs
en tenant compte de leur tradition orale.
La ses­sion des chrétiens à Léré et dans les autres paroisses,
faite dans ce sens, a été l’occasion d’un renouveau.

A la session de Léré, une centaine de personnes ont participé,
plus du moins régulièrement à cause du travail,
mais tous ont découvert la nouveau­té de l’Évangile.


Ils ont vraiment rencontré Jésus, comme Zachée,
comme la femme adultère, le lépreux ou l’aveugle-né.
Cette rencontre les a convertis et les a mis sur le chemin de l’amour.
Ils ont partagé cette découverte à leurs amis qui sont venus les rejoindre
et c’est ainsi que, chaque jour, nous accueillions des nouveaux.


D’autres n’ont pas fait « le pas » de venir,
et pour­tant des femmes rencontrées dans leurs concessions étaient heureuses
de nous raconter la Parole de Dieu qui se transmet ainsi de proche en proche.
Les femmes surtout, venues très nombreuses, ont vécu une vraie libération :
elles ont fait l’expérience qu’accueillant Jésus,
elles devenaient apôtres près des autres femmes,
et maintenant elles continuent à s’engager
et nous découvrent les voies de l’évangélisation :
le partage dans l’amitié.

La Parole de Dieu transforme les mentalités

Cette rencontre du Christ a entraîné une première expérience de réconciliation
entre les chrétiens originaires de Léré et les autres :
expé­rience, nous le sentons bien, qui a besoin d’être sans cesse revécue
et réac­tualisée car la lutte est de tous les jours…

Ce Christ découvert, à qui ils ont donné leur foi,
a transformé leur conception de la maladie, par exemple.
Oui, par Jésus, ils ont découvert que Dieu aime tous les hommes, les malades :
ce n’est pas Dieu qui donne la maladie aux hommes pour les punir de leurs fautes…
cela les conduit à s’engager activement dans leurs villages
pour une animation sanitaire qui permette la promotion de tous.

 C’est ainsi que 15 villages sont déjà « bien en route, que 5 se pré­parent.
Ceux-ci, par des responsables choisis, ont participé
à la session de formation de 15 jours à l’hôpital.
Chacun de ces villages a aussi envoyé 2 ou 3 matrones.
Nous sentons tout ce que ces vieilles matrones, animistes souvent,
ont dû abandonner comme coutumes…
pour permettre à tous les nouveau-nés de ne plus mourir du tétanos ombilical.

 

Mais nous partageons aussi leur joie chaque fois que, dans leurs villages,
elles nous montrent les nouveau­-nés
qui, par elles, ont pu être accouchés comme à l’hôpital
et qui sont pleins de vitalité.
Tous ces villages ont aussi, maintenant, leur petite pharmacie.

La Parole de Jésus appelle et envoie

En décembre 1978, de nombreux collé­giens de Léré se préparent au baptême.

 
Nous nous réunissons maintenant avec eux chaque semaine.
Trois groupes sont bien en route.
Au départ, ils sont venus « faire la classe » pour le baptême,


et voilà qu’ils ont rencontré Jésus qui, aujourd’hui, les appelle,
les transforme et les envoie vers les autres.
Oui ! Avec eux, nous avons partagé la joie des premiers disciples. 

Et maintenant, ils ont aussi demandé à avoir la célébration eucharistique
ou la messe du dimanche en français
et ils prennent en charge la préparation de cette prière.
Ce groupe, auquel se joignent les fonctionnaires, commence à vivre.
Pour leur permettre d’avoir chacun l’évangile, nous le leur propo­sons à prix réduit.
Les dons que vous nous envoyez nous permettent de bais­ser les prix.
Ils veulent, en effet, avoir la Parole de Jésus pour la lire et la prier.
Nous venons de recevoir une lettre de Jonas, élève de 6ème, qui écrit
(quand ils veulent nous parler, ils préfèrent commencer par écrire) :
« Cette Parole me parle beaucoup :
‘Je suis le Bon Pasteur.
Celui qui entre dans l’enclos de mes brebis par-dessus les murs,
celui-là est un vo­leur ; moi, j’ouvre la porte
et je les appelle chacune par leur nom,
et el­les viennent à moi.’ – J’ai foi en Jésus.
Il me faut un guide », ajoute-t-il.
Ces jeunes découvrent Jésus Vivant qui leur parle à chacun.

Les responsables de communauté de Léré se réunissent aussi chaque semaine
pour écouter avec nous la Parole de Jésus. Ils l’en­seignent aux autres,
mais découvrent maintenant qu’ils ont d’abord à l’ac­cueillir
pour qu’elle transforme leur vie.

Les parents se sont aussi organisés
pour que leurs enfants écoutent la Parole de Jésus
et prient entre eux le dimanche.
Ils les envoient de bon­ne heure le matin,
et ils ont choisi Jacques, Fanta et Souareba
pour annon­cer la Bonne Nouvelle à leurs petits.
Chacun a son groupe, puis ils se réunissent ensuite pour leur prière communautaire.

Ainsi, petit à petit, les chrétiens prennent leurs responsabilités.

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Nouvelle année apostolique

Nouvelle année apostolique

Le scolaire évolue

Nous venons d’avoir une session de formation pédagogique
de huit moniteurs d’écoles spontanées
.
Ces écoles ont été ouvertes, l’an dernier et cette année, sur l’initiative des parents.

 

Cette session va être suivie d’une autre pour former les alphabétiseurs.
En effet, les adultes demandent aussi à apprendre à écrire dans leur langue.
Ils veulent parler français.
Et, cette année, un Moundang, Lu­cien Challa, est détaché
pour suivre un peu plus tous ces groupes qui démarrent.
Il prépare et revoit avec Sœur Thérèse, et tous deux travaillent
en collaboration avec le conseiller pédagogique de Léré.

 

L’animation sanitaire se structure

Le comité central d’animation sanitaire est maintenant formé à Léré.
Il est composé d’un animiste, d’un musulman, d’un chrétien des dif­férentes églises :
évangélique, fraternelle luthérienne et catholique.
Ils se réunissent régulièrement et revoient comment se vit l’animation sanitaire.
Nous venons de leur remettre la gestion des médicaments desti­nés
à tous les postes de secours.

Des Greniers communautaires sont construits

Décembre 1980

Au début, avec l’argent de vos dons, nous avons acheté du mil pour les « urgen­ces ».
Puis des Organismes internationaux,
comme le P.A.M. (Programme Alimentaire Mondial) et Caritas,
ont envoyé des secours en argent et en nourriture.
Mais fal­lait-il procéder par des distributions gratuites ?

Alors, les gens se sont réveillés…
Il y a trois ans, nous avions parlé de « greniers communautaires ».
Plusieurs villages s’étaient mis en route,
deux ou trois seulement ont continué.

 
Aujourd’hui, 43 villages, dans le canton de Léré,
se sont or­ganisés pour avoir un grenier.


Pourquoi ? Le mil distribué est un don au village,
pour sauver ceux qui ont faim.
Il ne faut pas penser seulement à soi ;
d’autres au­ront peut-être besoin aussi de cette aide …
Alors il fut décidé que chacun, après sa récolte,
remettrait une partie du mil dans le grenier du village.
Les familles qui avaient suffisamment de nourriture
et qui n’ont rien à rendre, se sont engagées
à verser quelques kilos de mil dans le grenier.
(Le village fixe le taux de la cotisa­tion).
Ainsi, maintenant, celui qui a besoin d’un secours
peut « emprunter » du mil au grenier communautaire,
avec la promesse de rendre ce qu’il a reçu,
plus une tassa pour dix, s’il le peut.
Un comité spécial s’occupe du grenier
et enregistre toutes les opérations. Et nous ?
Nous suscitons et soutenons tout ce travail
qui a été fait dans les villages ces derniers mois.


Cela a été vécu non seulement dans notre sous-préfecture,
mais aussi à Bissi, à Mombaroua …
Nous admirons Challa et Passoua qui, à mobylette, par des routes très mauvaises,
sont allés de village en village, pour expliquer,
organiser, soutenir, et même régler des palabres …
Vraiment, dans cet événement douloureux de la famine, le Seigneur est passé,
unissant des hommes dans l’amour, pour les autres.
A Teyanbera, la situation était très difficile.
Les gens n’avaient plus rien à manger.
Le chef avait encore des bœufs ;
alors il les a tous vendus pour acheter du mil,
non seulement pour nourrir sa famille mais aussi tout son village…
Nous souhaiterions que tous les chefs aient un même cœur
pour les petits et ceux qui souffrent !

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Visite de Monseigneur Bouchard

 Visite de Monseigneur Bouchard

12 avril 1981

En février, les chrétiens de la Paroisse de Léré ont eu la grande joie
d’accueillir Monseigneur Jean-Claude Bouchard.
C’était la première fois que la plupart
rencontraient le Pasteur du diocèse de Pala.

 
Ce ne fut pas une courte visite. Monseigneur est allé de village en village,
écoutant et interrogeant ces hommes et ces femmes réunis
pour « les écoles des chrétiens ».


Il les a encouragés bien souvent :

« Ecoutez ensemble la Bonne Nouvelle de Jésus,
même si vous n’êtes que deux ou trois.
Mais surtout vivez vraiment l’évangile.
Allez dire cette Bon­ne Nouvelle à vos voisins.
Partagez ce que vous avez reçu,
et ce que vous faites, aux autres communautés. »

Monseigneur Bouchard fut très heureux
de passer ces dix jours chez les Moundangs,
très heureux de voir le travail des Communautés chrétiennes et de leurs animateurs.


Mais avant de nous quitter, il a invité l’église moundang à « écouter
ce que l’Esprit dit aux autres Eglises » du diocèse.
Alors cette semaine, le Père Sergent, responsable des secteurs de Léré et de Guélo,
est parti à Bongor, avec six chrétiens moundangs.
Ils vont écouter et voir ce qui se vit chez les Massa.
Le Seigneur rassemble et pousse au large.
Qu’attend-il des Moundangs ?
Qu’attend-il de nous, pour que Son Amour soit manifesté et révélé à tous ? …

Déjà, cette Bonne Nouvelle est annoncée aux petits.


Dans beaucoup de vil­lages, les enfants se groupent pour la catéchèse :
ils ont soif de connaître Jé­sus.
Ils accourent pour écouter la Parole de Dieu.


Ne voit-on pas aussi de vieil­les femmes se joindre aux enfants !
Mais les responsables de cette catéchèse des enfants,
eux aussi, ont un grand désir de se former.
Tous étaient là à la derniè­re rencontre.
Sœur Yolande et Sœur Thérèse continuent à préparer les réunions avec Passoua.
Mais c’est l’Esprit qui travaille dans leurs cœurs :
Peu à peu, ils sentent le besoin de prier et d’écouter la Parole de Dieu,
de la recevoir de Lui, avant de l’annoncer.
Bénissons le Seigneur qui révèle toutes ces choses aux tout-petits et aux pauvres !

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La mort d’un pauvre

 La mort d’un pauvre

C’est un dimanche, le 27 juin 1982.
Aux premières lueurs du jour, soudain, on entend la cloche de l’église…
Pourquoi, pour qui sonne-t-elle ?
« Aujourd’hui, Jean, c’est pour toi, toi qui l’as fait sonner, si souvent,
pour appeler les chrétiens, à la prière ou au travail….
Aujourd’hui, la cloche nous annonce que tu es parti, cette nuit, à la Case de Dieu.
Et elle invite les habitants de Léré à venir prier auprès de toi.

Oui, Jean, hier matin, de très bonne heure,
tu partais dans ton champ, tout heureux.
Avec ta femme, tu as bien travaillé.
Tu étais content : à 10 heures, toutes tes arachides étaient semées.
Mais comme il faisait déjà chaud, tu as repris la route de Léré.

Et voici que tu passes devant ton champ de mil.
Il y a une grosse touffe d’herbes qui gê­ne les jeunes plants
et tu t’apprêtes à l’enlever.
Une passante crie : « Allons, Jean, tu as beaucoup travaillé ce matin.
Tu ne vas pas encore sarcler ton mil. Va te reposer un peu. »
Et toi, Jean, tu lui réponds : « Je vais arracher ça, seulement. »
Alors, tu saisis les grandes herbes… tu pousses un cri et tu tombes ».

Dans la touffe, était caché un serpent, un mauvais, un ecchis.
La morsure a été violen­te.
Jean restera évanoui une demi-heure, peut-être…
Que faire, en pleine brousse ?
Les hommes et les femmes qui cultivaient aux alentours arrivent en courant,
un voisin envoie chercher une voiture à la Mission…

Aussitôt avertis, Sœur Annie et François partent, emportant une pierre noire.
En chemin, ils apprennent que Jean a repris connaissance et qu’il n’est pas très loin.
Avec beau­coup de courage, il a voulu repartir, à pied :
« Je veux mourir dans ma case…
Je ne suis déjà plus avec vous… ».
Cette phrase, ô Jean, combien de fois la répéteras-tu, en cette journée !

Jean est conduit chez un infirmier.
C’est une morsure très grave.
La pierre noire a été appliquée, mais il faudrait un sérum anti-venimeux.
Hélas ! Pas une ampoule à Léré.

Maintenant, Jean est chez lui. Il souffre beaucoup, il vomit le sang.
Les calmants et les remèdes ne suffisent pas.

Et pourtant, Jean, tu ne penses pas à toi.
Une jeune maman veille, près de ta natte. Son enfant pleure.
Alors, tu lui dis : « Retourne à ta case.
Le petit a faim, va lui donner à manger. »
– Beaucoup viennent te visiter.
A chacun, tu adresses un petit mot et tu essaies de sourire encore.
Ton corps te fait mal et s’ affaiblit.
Tu sens bien que tu vas mourir…
Dans la soirée, Sœur Gabrielle va te voir.
Tu bredouilles :
« Il faut apporter la barre à mine, pour creuser le trou…
Je veux parler au Père…
Il ne faut plus ache­ter de médicaments pour moi. Merci beaucoup. »

Oui, Jean, c’est bientôt le départ, pour la Case de Dieu.
Ton cœur simple et pauvre « ne peut se troubler de ce qui lui arrive ».
Il ne possède rien, il n’est attaché à rien.
Ton cœur simple et pauvre est tout prêt…
Et, dans la nuit, Dieu, notre Père, vient te chercher.

La femme de Jean est là, très courageuse.
Les parents, les voisins, les amis, les chrétiens et les non-chrétiens,
tous sont consternés :
Jean Patalé est mort.

La nouvelle est apportée à Gong Daba, le grand Chef des Moundangs. Il pleure.
« Mon cœur est trop triste, dit-il, demain je ne rendrai pas de jugements. »
Chaque matin, Jean al­lait saluer le Chef et lui offrir ses bras pour quelques travaux.
Le Gong avait-il be­soin de lui ?
Aussitôt il se rendait à son saré. Que de services gratuits !
Que de dé­marches et de corvées, il a accomplies !
Gong Daba le sait bien.
Aussi, il envoie sa grande gandoura blanche,
pour ensevelir Jean, son fidèle et dévoué serviteur.

0 Jean, toi, le pauvre, l’esclave, tu seras vêtu comme un prince !

« Louez, serviteurs du Seigneur,
Louez le Nom du Seigneur.
De la poussière, il relève le faible,
Il retire le pauvre de la cendre,
pour qu’il siège parmi les princes,
parmi les princes de son peuple ! »

Et voilà ce qu’on a vu le dimanche matin :
A la cloche qui sonnait, chrétiens et catéchumènes ont répondu.
Bientôt c’est une foule qui entoure Jean,
dans sa concession et même dans la rue.
Une foule recueillie et priante.
La célébration et l’enterrement se passent dans la plus grande simplicité,
dans une grande paix.
Tous, frères chrétiens ou non, entendent la Parole de Dieu
et s’unissent aux chants de l’église.
La mort de Jean rassemble tous ces gens qui l’aimaient.
Ce soir et les deux jours suivants, selon la coutume,
ils viendront encore pour écouter le Seigneur et chanter ses louanges.
Et cela, très tard dans la nuit.

Durant les jours de deuil, les femmes passeront par une autre route,
pour aller au mayo ou au marché.

A la Mission, Moundang et N’Gambaye, cultivateurs et fonctionnaires,
viennent « rendre condoléances » aux Sœurs…
Ils savent que Jean travaillait beaucoup pour elles.
Pour eux, Jean était « un frère ».

« Jean, on ne peut pas l’oublier… », répète-t-on.

C’est vrai. Depuis qu’il repose à l’entrée de sa concession,
on ne cesse de parler de Lui, de « ses bienfaits ».
Personne ne peut lui reprocher une querelle ou un palabre.

 »Jean m’a fait ceci, il a fait cela… Il a réparé mon toit. »

 
« Il a planté ces piquets, il a creusé ce trou… »


« Jean, c’est lui qui a coupé des bois en brousse, pour mon danki. »
« Jean, il a crépi la case de mon père. »
« C’est lui qui puisait ou ‘pompait’ chez les Sœurs…» ».

 

Jean, semble-t-il, est passé partout, « faisant le bien ».
Les femmes racontent :
« Si Jean nous rencontrait, avec une grosse cuvette ou un lourd fagot, sur la tête,


il nous arrêtait et nous disait :
‘Donne-moi ça ! Je vais te por­ter ça à ta case…’


Il était bon ! »

Sa force – car il était un des hommes les plus forts de Léré -, sa force,
Jean la met­tait au service des autres.
On avait besoin de lui ? Il arrivait…
« Moi, je connais ! » et il se mettait à l’ouvrage avec ardeur.
Les travaux les plus durs, les plus répu­gnants, étaient pour lui.
Il ne se plaignait pas.

Mais n’abusait-on pas de lui ?
Il aurait aimé recevoir quelques pièces de monnaie,
pour acheter savon ou nourriture…
et on le payait avec une tassa de bière de mil.
Et lui, il finissait toujours par accepter.

C’était le pauvre, le petit, parfois méprisé.
Oui, il ne savait ni lire, ni écrire,
il ne savait pas raconter une page d’évangile,
mais l’Amour de Dieu était dans son cœur.
La bonté du Seigneur, Jean l’a manifestée par ses humbles gestes,
ses humbles services, et son sourire…

Ceux que tu aimais et qui t’aimaient,
Jean, ce sont bien les petits, les enfants.
Quand tu arrivais à la Mission, nos petits voisins, Barka, Nône, Tamibe, Nestor…
accouraient en criant de toutes leurs forces : « Zan, Zan ! »
et tu prenais Barka dans tes bras, avec quelle joie !
Et, dans les quartiers, les enfants parlent encore de toi…
Les « petits » se connaissent et se comprennent,
parce qu’ils sont simples et pauvres, n’est-ce pas  !

O Jean, tu étais si simple, nous ne pouvons pas t’oublier !

Dieu, notre Père,
nous Te bénissons d’avoir révélé toutes ces choses aux tout-petits,
nous Te bénissons, nous Te rendons grâce, car, par la vie de Jean,
Tu nous redis :
« Bienheureux les pauvres… »
« Si vous ne devenez petits comme des enfants,
sans vue, ni estime de vous-même,
vous n’entrerez point dans le Royaume des Cieux. »

Vous  pouvez lire la suite de la vie missionnaire à Léré
dans la « Catégorie : Témoignages :
Epreuve dans notre vie missionnaire
Comment continuer la mission de Léré ?
La vie missionnaire continue…

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Apprentissage de la langue…

La Catégorie : « Les Soeurs au Tchad » a présenté :
L’envoi en Mission
Le départ et l’arrivée au Tchad le 8 septembre 1969
La Fête à la Mission en notre honneur
Nos découvertes : les paysages de notre région
La vie familiale au Tchad
Les actvités du pays : les métiers…

Et voici la suite de notre vie missionnaire :

Apprentissage de la langue
Découverte des coutumes
Apprivoisement…

12 novembre 1969

Voilà déjà plus de deux mois que nous sommes ici.
Maintenant, nous sommes toutes bien adaptées.
Nous avons un temps magnifique, quelquefois un peu lourd
car c’est la fin de la saison des pluies.
Chaque matin, en nous rendant à l’église pour 6 heu­res,
nous pouvons admirer le beau lever de soleil.
Ici, les gens se lèvent de bonne heure.
A 5 heures 1/2, notre petit boulanger Jean,
nous apporte déjà notre pain quotidien.
A 6 heures 1/2, nous chantons l’Office du matin avec le Père Georges
qui est tou­jours fidèle au rendez-vous.
C’est vraiment la Prière de l’Église, où prêtres, reli­gieuses et laïcs
se réunissent pour chanter les louanges de Dieu.
En effet, nous sommes quelquefois accompagnés par les fiancées (de l’école)
qui aiment être présentes à notre Prière.

Après le petit déjeuner, la vaisselle et l’épluchage,
quand la cloche appelle les enfants au travail, à 7 heures 30,
nous nous réunissons pour l’écoute de la Parole le Dieu.

A 8 heures, nos deux intendantes, Sœur Madeleine et Sœur Annie,
se rendent au lac quand nous voulons acheter du poisson.

  
Là, plus vous prenez le temps de marchander, plus le poisson est bon marché !…
Il est bien frais, car nous attendons le retour des pêcheurs.

  

A 9 heures, bien studieuses, nous nous réunissons autour du magnétophone
qui nous initie peu à peu … à la langue moundang.
C’est vraiment pour nous une occasion d’aimer en actes, car c’est assez laborieux.

Pour cet apprentissage de la langue, nous sommes aidées
par le Père Martin qui parle couramment.
C’est assez difficile à comprendre, car il y a beaucoup d’élisions…
Un mot coupé ressemble à d’autres…
Il faut apprendre à dis­tinguer les homonymes aux intonations différentes…
Ce n’est pas facile à saisir…

Et quand nous sommes contentes de dire quelques phrases courantes en moundang,
nous nous apercevons quelquefois que l’interlocuteur ne répond pas.
Bien sûr, c’est un N’Gambaye ou un Foulbé, un Kado, un Guider ou un Sara…
Cela augmente encore la difficulté…
Nous sommes dans une « petite ville ! »…

Nous essayons aussi, par nos contacts avec les Africains
et les conversations avec les Pères, les laïcs missionnaires,
de découvrir la vie et les coutumes des Moundangs.

Ici, à Léré, nous cherchons à rejoindre un peu plus les femmes.
Pour découvrir leurs vrais besoins,
il nous faut partager leur vie d’un peu plus près.
Nous allons chez elles chaque après-midi
et nous commençons à apprendre à piler le mil, les arachides,


à faire la boule, la sauce
(pour l’instant, nous re­gardons et nous mangeons …).

 

 

Nous allons essayer de les retrouver aux champs
et apprendre d’elles à nous servir de la houe,
à planter le mil, le coton…., car les femmes, ici, sont d’abord cultivatrices.

Petit à petit, le Seigneur nous mon­tre ce qu’il attend …
Tant que nous ne nous serons pas faites pauvres comme le Christ,
nous ne serons pas capables de leur révéler la Bonne Nouvelle de l’évan­gile
dont elles ont tant besoin ! …
et pour laquelle Monsieur Roland nous a fon­dées.
C’est ce que nous allons vivre de notre mieux toute cette première année.

 
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Fête de l’indépendance

Fête de l’indépendance : 30 janvier 1970

Le mois de janvier fut très important pour tous les Tchadiens.
Chacun s’af­faira à préparer la grande Fête du 30 janvier
(10ème anniversaire de l’Indépendance).


Pour l’occasion, tous les cantons se sont réunis à la Sous-Préfecture de Léré.

 
Cérémonie grandiose !
Les chefs de tous les villages, escortés de leurs notables et de toute leur cavalerie,
avançaient triomphalement au son du tam-tam et du balafon.

   
Le défilé fut imposant.
Les enfants des écoles, vêtus de bleu, jaune, rouge (couleurs patriotiques)
exécutèrent des danses, puis chaque canton fut fier
de se présenter devant la tribune d’honneur

où nous étions (avec Monsieur le Sous-Préfet, le chef des Moundangs…).
Richesse des costumes (des plus dépouillés aux plus chamarrés : plumes, colliers…),
danses variées nous permirent de mieux connaître nos frères africains.
Ce fut magnifique !
Jamais il n’y eut tant d’habitants sur la place de Léré.

Les arbres furent l’endroit rêvé de plus d’un « Zachée, curieux de tout voir ».

Le soir, Monsieur le Sous-Préfet invita les Pères, les Soeurs.
Les éclaireurs présentèrent une veillée récréative,
puis nous eûmes la joie de partager le mischoui (mouton rôti à la broche).

Chacun garde un souvenir inoubliable de cette journée historique…

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Prévoir l’avenir : visite à Mombaroua et à Lara

Prévoir l’avenir : visite à Mombaroua et à Lara

Depuis presque un mois, 38 catéchistes et leurs familles
sont réunis en session à Lara, et 20 foyers à Mombaroua.


Sœur Gabrielle est infirmière à Mombaroua et elle veille
au moral de la Communauté des Pères et des Sœurs,
en conseillant le jeune cuisinier Justin.

 
Soeur Madeleine et Soeur Danièle ont passé quelques jours
dans chacune des deux sessions.

Il faut prévoir l’avenir… Quel est le but de ces sessions ?
Chaque matin, les catéchistes (hommes et trois femmes cette année à Lara)
se réunissent
avec les Pères qui assurent leur formation spirituelle
et leur ensei­gnent comment faire la doctrine.

Ils ont aussi des cours d’alphabétisation.
Pendant ce temps, des jeunes femmes et des jeunes filles
distribuent la bouillie aux enfants


et surveillent les jeux. Qu’ils sont sages, tous ces petits !


C’est un plaisir de les voir jouer avec des boîtes de conserves, des jeux de quilles…
Nous admirons aussi l’application des femmes qui apprennent à lire et à écrire,
même à la lueur de la chandelle, le soir, à la veillée.
Chaque jour, une leçon d’hygiène, de puériculture les invite
à mieux veiller à la santé de toute leur famille.

Les Soeurs leur montrent aussi comment elles peuvent assurer
l’éducation chrétienne de leurs enfants et comment elles ont à vivre l’Evangile.


Presque toutes ces femmes pourront, en rentrant dans leurs villages,
partager ce qu’elles ont appris.

Il est temps maintenant de les ouvrir aux autres,
de leur faire prendre des responsabilités.

Nous apprécions beaucoup la simplicité
qui règne entre toutes ces femmes moundangs.

 

Nous nous sentons vraiment à l’aise parmi elles
et nous désirons de plus en plus nous faire « Moundangs ».
Nous saisissons plus de l’intérieur ce que fut l’Incarnation du Christ,
la libération qu’il apporte…

L’expérience que nous vivons est très riche
et nous recevons beaucoup des Africains.
Ils nous remettent en face de l’essentiel.
Bien sûr, ils n’ont pas la technique
et ils veulent que nous les aidions à évoluer ;
mais leur sens des autres, de l’humain, leur accueil,
leur hospitalité les rendent très fraternels, très sympa­thiques.


Tout de suite, on les aime et on désire leur montrer,
par notre vie, que Dieu aussi les aime.
C’est pour cela que nous sommes venues vers eux.
C’est ce qu’ils attendent…

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