1971 : Recherche avec l’hôpital
pour l’animation sanitaire
La communauté reçoit Monsieur le docteur de l’hôpital de Léré,
la sage-femme : Ladi Caroline.
Pourquoi ? Nous voulons nous mettre à l’écoute des Africains,
à leur école, recevoir d’eux.
Nous avons partagé nos projets d’éducation à l’hygiène,
aux premiers soins (secourisme) et posé nos questions.
Nous leur donnons les livrets d’hygiène que nous avons faits,
pour qu’ils regardent s’ils sont bien adaptés.
Le dialogue très riche aboutit à plusieurs décisions concrètes :
– Monsieur le docteur doit revoir Monsieur le Sous-Préfet,
avec une copie de la lettre envoyée au Ministre de la Santé,
lettre restée sans réponse.
– Avec Ladi, recherche de toutes les matrones
des différents quartiers de Léré, et formation pour plus d’hygiène
après l’accouchement, car les cas de tétanos ombilical sont trop fréquents.
– Le Docteur met à notre disposition un infirmier, M. Patalé,
pour la visite dans les quartiers de Léré et pour l’éducation sanitaire.
En communauté, nous précisons que notre rôle est simplement,
en lien avec le docteur, d’animer les infirmiers, la sage-femme,
pour qu’ils assurent l’éducation sanitaire dans Léré.
Pour préciser le comment, nous décidons d’y réfléchir avec M Patalé.
Recherche avec Monsieur Patalé, Moundang.
Nous découvrons qu’il prend vraiment l’affaire en main
et que nous pouvons le laisser agir.
Il décide de chercher deux hommes dans chaque quartier :
11 dans Léré, plus la Cotonfran, Dissing…
Quand il aura trouvé tous les hommes qui acceptent
d’être responsables dans leurs quartiers,
il nous montrera la liste et la présentera au Chef.
Alors, nous envisagerons la formation à donner à tous ces hommes ;
si possible, réunion à l’hôpital, explications à partir du livret d’hygiène.
Ces hommes, à leur tour, réuniront tous les hommes et les femmes
de leurs quartiers et expliqueront, feront ce qu’ils auront appris.
Les infirmiers de l’hôpital passeront alors dans chaque quartier
pour animer et vérifier, car il faut que tous agissent
(creusent des latrines (W.C.), filtrent l’eau…).
Cette réunion avec M. Patalé nous a confirmées dans notre rôle :
être attentives à tous ceux qui nous entourent pour découvrir tous les besoins.
Chercher… Nous mettre en lien avec ceux qui sont capables d’agir.
Les animer, leur donner la formation, le matériel nécessaire
pour qu’ils puissent, eux-mêmes, éduquer.
Sur Léré, nous avions déjà découvert une dizaine de femmes
qui acceptaient d’être responsables.
Pour l’éducation sanitaire, il faut atteindre
en même temps les hommes et les femmes, sinon rien ne changera ;
or, seuls, les hommes seront vraiment écoutés par les hommes.
Pour la promotion des femmes, trouver des responsables
Nous pensons alors que les femmes découvertes
pourront être responsables de couture,
puis, après, de l’alphabétisation de toutes les femmes
(car elles – les responsables – sont déjà allées en classe).
Mais, pour la couture, comment faire ?
Les femmes refusent d’acheter du tissu : elles ne le font jamais.
M Patalé souhaitait que nous donnions du tissu, au moins le premier mois.
Nous lui avons expliqué que cela revenait très cher, que nous ne pouvions pas….
qu’il fallait faire comprendre aux hommes
que les vêtements coûteraient moins cher
si les femmes cousaient au lieu d’acheter « tout fait »,
ceci à partir d’exemple :
pour le même prix, au lieu d’acheter un caleçon, on peut en faire deux.
Le dialogue nous a fait découvrir
que nous pouvions demander déjà 50 francs
à chaque femme qui veut coudre.
Cet argent est donné à la responsable
qui apprendra à gérer le budget de son petit groupe,
qui fera les achats, elle-même, au village,
au début avec la Sœur puisque ce n’est pas dans leurs coutumes.
Cela est mis en route et bien accepté par les femmes.