Cours préparatoire 1ère année
Et maintenant, nous frappons à la porte du CP1 (Cours Préparatoire, 1ère année).
Nous entrons et nous nous glissons, dans le fond de la salle.
Tout de suite, nous sommes frappées par l’activité
et l’enthousiasme de cette classe.
Nous assistons à une leçon de langage.
Monsieur Raymond Haman présente successivement à ses élèves un mortier,
des pilons, des vans, des tamis, sans oublier le mil, du son et de la farine.
Les enfants nomment les objets dans leur langue maternelle,
puis en français, et cela plusieurs fois.
Soudain le maître demande :
« Qui veut venir piler ? » Tous les doigts se lèvent.
Tous s’écrient : « Moi, M’sieur, moi, M’sieur ! ».
Deux fillettes sont choisies et, en cadence, elles pilent le mil.
Tout le monde est content… et, en chœur,
on répète des phrases comme celles-ci :
« Martine et Binetta écrasent le mil. Marie tamise la farine… ».
Enfin, le cours se termine par un chant africain, très rythmé,
tandis que les pileuses font danser leur pilon au-dessus du mortier.
Ici, on ne s’ennuie pas !
Pourtant, en entrant dans cette classe,
on est frappé par une certaine pauvreté.
De longues tables et des bancs de bois blanc, dont quelques-uns sont boiteux.
Pas de matériel éducatif. Les enfants apprennent à compter
avec des capsules de bouteilles récupérées.
Pas de syllabaires. Toutes les leçons sont copiées au tableau,
agrémentées de croquis à la craie.
Les élèves écrivent sur des ardoises cartonnées.
Pour les devoirs de contrôle, un seul cahier,
et celui-ci, pour certains, sera payé après la vente du coton.
Tout cela n’empêche pas ces enfants d’être heureux.
Il faut voir ces soixante petites frimousses noires,
aux yeux pétillants et malins, avides de connaître.
Monsieur Raymond, lui-même très épanoui et dynamique, aime son « métier »,
il aime ses élèves, cherche toujours à les intéresser.
Avant de le quitter, nous le félicitons,
tandis que nos joyeux lutins se lèvent
et nous saluent, en chantonnant :
« Au re-voir, ma Sœur, au re-voir, Ma-de-moi-selle ».