Les métiers :
Rien ne vaut le pittoresque du marché : à faire rêver les moins sensibles !
Les yeux sont éblouis de mille couleurs :
vêtements bigarrés, fruits, légumes,
viande présentée sur de grands plateaux émaillés ou peints,
fabriqués au Cameroun ou au Nigéria, beaucoup plus évolués.
L’odorat y a sa part, et une bonne !
Chèvres, poulets vivants, huile d’arachides,
beignets, fromage blanc, poisson séché… tout s’entremêle !
L’ouïe y trouve son charme :
tam-tam ou balafon sur un fond sonore de bêlements ou de palabre ;
oui, palabre ! Car on n’achète rien sans marchander :
ici, point d’affichage de prix, ni de taxe locale :
c’est à la tête du client ; s’il est blanc, on en profite.
(« Ils sont si riches, ces Blancs ! »).
Alors, il faut discuter.
Ils aiment cela et attendent cet échange avec le client.
On baisse parfois du tiers pour remonter légèrement :
c’est tout un art !
(Les timides s’y perdent, les autres s’y passionnent !…).
L’artisanat est assez restreint… :
nattes rectangulaires ou rondes,
toujours en herbes ou feuilles séchées habilement tressées ;
taras : c’est le lit africain,
un savant assemblage de rondins entrecroisés
et maintenus par des bandes de peau de chèvre.
Toujours les matériaux naturels,
l’industrie pose de tels problèmes ! Nous en reparlerons.
Le cordonnier répare sur place.
Le chaudronnier vous fabrique, sur le champ,
l’entonnoir aux dimensions de votre lampe à pétrole.
Le « bricoleur » est fier d’offrir sa table dernier modèle :
bois de plusieurs couleurs – contreplaqué ou citronnier… Qu’importe !
Elle a quatre pattes, comme en France !
Mais là-bas, devant sa porte, regardez l’imperturbable ! C’est le tailleur !
Il fait choisir, prend les mesures, taille, coud,
essaie tout à loisir derrière sa bonne vieille « Singer »
que les femmes lorgnent d’un oeil d’envie…
Il manque encore à ce tableau, le boulanger !
Lui, c’est au coin de la rue principale qu’il tient sa boutique :
deux caisses, une planche, un monceau de petits pains à 10 F. C.F.A. (0,20 F.).
Le choix est vite fait !
Souvent, pour être sûr de sa vente,
il vient jusque chez nous avec la caisse sur le vélo.
A Garoua, ville camerounaise, c’est plus chic :
une espèce de guérite porte cette inscription :
« Boulangerie de Luxe » !
De fait, le pain est plus rond et plus levé qu’à Léré …