Elève infirmière en 1938 – 1940
En septembre 1938, Sœur Saint Léon (Denise Michel)
est envoyée à l’hôpital Saint Joseph de Paris
pour des études d’infirmière, une sœur seule pour la première fois.
Après les accords de Munich (fin septembre 1938 ),
aux vacances de Noël 1938 et à celles de Pâques 1939,
avec Sœur Sainte Renelde ( Marie-Thérèse Bourtembourg ),
les supérieures nous demandent de conduire des sœurs de l’infirmerie
et quelques autres plus âgées au Tardet.
3 septembre 1939, à cause de l’invasion allemande en Pologne,
l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne.
Celle-ci envahit la Belgique et la France.
A Paris, nous, élèves infirmières, sommes mobilisées
pour accueillir les émigrés en gare du Nord et de l’Est
et les conduire en gare de Lyon.
En mai 1940, Mère Inchelin, Directrice de Saint-Joseph,
prévoyant l’aggravation des événements (elle avait vécu 1914 !),
donc un besoin d’infirmières, avait obtenu du gouvernement
que ses élèves bien prêtes passent un diplôme d’état anticipé de date.
En effet, le 6 juin 1940, Hitler est à Paris !
Mère Inchelin demande aux infirmières religieuses de rejoindre leurs Congrégations.
Pour moi, impossible à Reims bombardé.
Je sais que Mère Saint Isabelle est à Mainsat ;
pour aller à la gare la plus proche : Auzances,
il faut passer par Bourges et Limoges : je mettrai près de 24 heures.
En arrivant à Auzances, le Seigneur m’attendait :
Je rencontre Madame Bouvier, émigrée de Charleville,
qui m’indique la route : Mainsat, environ 10 kms ;
elle s’excuse de ne pouvoir m’y conduire, faute d’essence ;
peu importe, j’étais sur la bonne voie, cela suffisait !
Quelle joie de me retrouver dans les bras de Mère Ste Isabelle,
Une autre activité m’est alors confiée :
une ou deux fois par semaine, avec Sœur Sainte Renelde,
nous faisons à vélo le facteur entre Mère Ste Isabelle
et Mère Ste Victorine, à Moisse ;
nous mettions précieusement le courrier contre notre cœur,
pour qu’il ne soit pas découvert si nos papiers étaient contrôlés.
Mère Ste Isabelle se désolait quand ces communications
nécessitaient trop de courses à vélo,
mais je la rassurais : le vélo, c’était mon plaisir !
Je voyais tellement Dieu dans cette supérieure
que je n’aurais pas hésité à traverser la rivière à la nage,
sans savoir nager, si elle me l’avait demandé…
Le début de la guerre m’a fait comprendre que Dieu est là,
dans tout événement, bon ou mauvais :
il suffit de le laisser faire, de s’abandonner avec confiance,
et de revoir chaque épisode de sa vie avec Lui.
La guerre, chose mauvaise, m’a mûrie et beaucoup éclairée :
elle m’a obligée à voir les réalités en face,
à éviter de m’arrêter à des bagatelles.
Sœur Denise Michel