Tranquilles sur l’avenir, les Sœurs du Saint Enfant Jésus se dévouèrent
avec une nouvelle ardeur, à l’œuvre de l’enseignement chrétien.
De généreux amis leur vinrent en aide ;
elles purent améliorer les locaux des écoles déjà fondées
et en ouvrir une cinquième près de l’église Saint-André.
se joignait la protection paternelle de Mgr le Tellier
qui semblait avoir fait sien le dessein de M. Roland :
il voulut donner à la Communauté une existence canonique.
S’inspirant de la pensée du fondateur, et avec le concours de Jean-Baptiste de la Salle,
il rédigea (12 novembre 1683) les Constitutions
qui sont encore les règles fondamentales de la Congrégation.
Les Sœurs furent admises à prononcer publiquement leurs vœux de religion ;
cette première profession eut lieu le 8 février 1684, date restée célèbre dans l’institut.
Dès lors, l’œuvre de M. Roland prenait sa forme définitive.
Il avait établi ses filles pour aller dans les villages et les bourgades porter à tous,
mais aux pauvres surtout, le bienfait d’une instruction et d’une éducation chrétiennes.
De ferventes novices étant venues se joindre aux Sœurs anciennes,
la Communauté put bientôt répondre aux demandes
qui lui étaient faites pour la campagne.
La première fondation se fit à Mouzon (1679)
grâce à la générosité d’un enfant du pays, Jean Béchet.
Après Damery, ce fut Mézières qui demanda des Sœurs d’école ;
puis la ville d’Ay, dont le Curé, Claude Pépin, ancien Supérieur de la Communauté,
avait reçu les premiers vœux des Sœurs.
La Congrégation à peine constituée eut le bonheur d’aider,
dans ses débuts, une œuvre semblable qui se formait à Charleville.
Mademoiselle Morel, en 1679, forma le projet de fonder la Maison de la Providence
pour l’instruction gratuite des jeunes filles.
Elle vint à Reims, chez les Sœurs du Saint Enfant Jésus,
pour profiter de leur expérience, et elle obtint du Supérieur
une religieuse Christine Thomas pour ouvrir l’école, le 26 février 1687.
Ainsi, les filles de M. Roland rendaient à la Providence de Charleville
le service qu’elles avaient reçu de la Providence de Rouen.
Quelques années plus tard, en 1715, un don vraiment princier
de Mademoiselle Anne-Henriette de Vergeur,
appelée ordinairement Mademoiselle de Saint Souplet,
permit d’étendre les bienfaits de l’instruction chrétienne
aux paroisses de Grandpré, Suippes, Rocroy, Cormicy, Braux.
Avec le nombre des maîtresses et des écoles,
s’augmentaient les charges de la Communauté.
Confiantes en la Providence, les Sœurs, sans inquiétude pour le temporel,
cherchaient avant tout à établir le règne de Dieu, attendant le reste par surcroît ;
elles poursuivaient leur noble tâche, formant l’esprit
et le cœur des jeunes filles du peuple partout où elles étaient envoyées.