Rencontre de M Nyel

S’il était exécuteur testamentaire de M. Roland,
M. de la Salle n’avait aucun titre canonique à l’égard de la Communauté ;
mais il fut loin de se désintéresser de l’œuvre.

Il avait choisi la chapelle du Saint Enfant Jésus pour y dire la messe.
Il venait fréquemment à la Maison, et ses conseils y maintenaient la ferveur.
Une de ces chari­tables visites fut l’occasion que Dieu ménagea
pour lui manifester clairement les grands desseins auxquels il l’avait préparé.

Un matin de mars 1679, il rencontra, à la porte des Orphelins,
un voyageur qui arrivait de Rouen, et apportait à la Supérieure des lettres de Madame Maillefer.
Cette dame, originaire de Reims, était restée très attachée à sa ville natale.
Elle avait aidé le Théologal dans l’établissement des écoles de filles ;
elle comptait sur lui pour des écoles de garçons ;
la mort de M. Roland semblait avoir tout com­promis.
Elle n’abandonna cependant pas son projet.
M. Nyel, homme plein d’ardeur, s’occupait des écoles chrétiennes à Rouen ;
elle lui proposa de faire une fondation à Reims. Il accepta.
C’était lui qu’elle envoyait à Sœur Françoise, la priant de seconder son projet,
et d’y intéresser aussi le Chanoine de la Salle.


L’affaire était grave et M. de la Salle voulut, suivant son habi­tude, consulter Dieu.
Il lui semblait voir en cela le plein accomplis­sement des vœux de M. Roland ;
il comprenait l’utilité des écoles de garçons, mais aussi,
il savait trop bien les difficultés qui l’attendaient.
Pour le moment, il se contenta de recommander à la Supérieure et à M. Nyel
un secret absolu et offrit à ce dernier l’hospitalité dans sa propre maison.
Ainsi, dans le pauvre parloir de la Communauté, à quelques pas du tombeau de M. Roland,
naquit dans l’âme de St Jean-Baptiste de la Salle, la pensée de se dévouer aux écoles,
pensée qui venait du Ciel, que la grâce féconda d’une manière prodigieuse :
car le petit grain de sénevé est devenu un arbre magnifique
qui étend ses vigoureux rameaux sur le monde entier.

Tout en suivant pas à pas les manifestations de la volonté divine
dans l’établissement de l’Institut des Frères des Ecoles chrétiennes,
M. de la Salle restait le conseiller et le soutien des Sœurs du Saint Enfant Jésus.
Dans sa pensée, il ne séparait pas les deux œuvres ;
elles étaient l’une et l’autre l’objet de ses prières et de ses mortifi­cations quotidiennes.
Aussi, lorsque l’on compare le Livre des Usages de la Communauté du Saint Enfant Jésus
et celui de la Conduite des Ecoles chrétiennes, tel qu’il est sorti
de la plume de St Jean-Baptiste de la Salle, on est frappé de leur ressemblance.
Il est évident qu’un même esprit a présidé à la fondation de ces deux Instituts ;
le nom de St Jean-Baptiste de la Salle est toujours resté uni à celui de M. Roland
dans la Communauté du Saint Enfant Jésus,
qui les entoure d’un profond sentiment de reconnaissance et de vénération.

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