Existence légale retrouvée
La Révolution semblait avoir anéanti l’œuvre
fondée un siècle auparavant, par le dévoué M. Roland.
Mais en lui accordant une nouvelle ère de paix,
Dieu récompensa la Communauté de sa belle attitude pendant la persécution
et nous allons la voir se relever de ses ruines et retrouver sa prospérité.
Dès l’année 1803, le Conseil municipal de Reims invita les Sœurs
restées dans la ville à reprendre leurs fonctions dans les écoles.
C’était leur plus cher désir : elles s’empressèrent d’accepter.
Elles se mirent immédiatement à l’œuvre.
Les lois s’opposaient encore à la reconstitution d’une communauté régulière ;
pour s’en rapprocher autant qu’il était possible, elles formèrent une association
sous le titre de Société des Sœurs de l’ancienne communauté du Saint Enfant Jésus.
Elles étaient douze réunies, le 23 novembre 1803,
quand elles prirent l’engagement de vivre ensemble
dans la pratique des vertus religieuses.
Les Sœurs quittèrent aussi l’humble habit
qui les avait cachées pendant la Révolution
et reprirent un costume qui se rapprochait
de celui qu’elles portaient autrefois,
celui des Sœurs de Saint Charles de Nancy :
le mouchoir de cou était rond, et sous la coiffe de taffetas noir,
deux bandes de toile blanche retombaient sur les épaules.
Les écoles dirigées par les Sœurs de l’Enfant Jésus prospéraient ;
la confiance des parents s’affirmait hautement
par le grand nombre des enfants envoyés dans les classes ;
mais la plupart étaient pauvres :
les Sœurs, heureuses de se conformer à l’esprit de leur Institut,
donnèrent gratuitement l’instruction à un grand nombre de leurs élèves.
Rendant justice à leur dévouement, le Maire de Reims pouvait dire en 1806 :
« Si les écoles se sont soutenues jusqu’à ce jour,
c’est aux Institutrices seules que l’on doit en avoir l’obligation ».
Pour les fixer à Reims, la Ville leur rendit leur Maison,
et sollicita le rétablissement de leur Congrégation.
En 1817, on put enfin restaurer et rendre au culte la chapelle bâtie par le pieux Fondateur ;
elle n’avait servi que trop longtemps à des usages profanes.
On devine avec quelle joie les religieuses en reprirent possession.
Le 25e jour de chaque mois y fut de nouveau célébré avec solennité.
Un peu plus tard, le 2 juillet 1823, les Constitutions révisées selon les besoins du temps,
furent approuvées par Mgr de Coucy ;
enfin, en 1827, grâce à la protection d’un autre archevêque de Reims, Mgr de Latil,
un décret de Charles X rendit à la Communauté son existence légale.