Nos découvertes :
Paysages de notre région
Léré, petite ville de 4.000 habitants, s’étend sur plusieurs kilomètres,
en bordure du Lac Léré (20 km de long sur 2 ou 3 km. de large).
Le Mayo-Kebbi vient s’y jeter et le grossir de ses eaux, en saison des pluies.
Paysage magnifique, surtout au coucher du soleil !
Au premier plan, de grands arbres à fleurs jaunes : les cacias,
se balancent entre les palmiers et les grands kapokiers,
ou les baobabs hauts parfois de 10 mètres.
Longeons de plus près : roseaux, parfois cultures de mil profitent de l’humus.
Les pirogues des pêcheurs s’y jouent.
Il arrive, paraît-il, qu’ils se fassent renverser par des hippopotames,
mais nous n’en avons pas encore vu de vivants.
Nous les avons entendus, un soir, et assisté,
une autre fois, au découpage d’un petit… de trois tonnes seulement ! …
(Ce jour-là, tout le village en profite – même nous – ;
cela s’apparente à la viande de boeuf).
A L’horizon, les monts du Cameroun forment un vaste et somptueux écran.
Si nous poursuivons en voiture, il faut ralentir de temps en temps, traverser un « radier » :
sorte de petit pont, ou, plutôt, de passerelle de pierres plus ou moins cimentées,
qui emplit et consolide le lit du mayo.
Aux heures de crue, l’eau passe dessus.
L’orage terminé, la circulation redevient normale,
car les mayos varient d’un simple filet d’eau
à une cinquantaine de mètres de large, suivant la saison.
Actuellement, les pluies se raréfient : une ou deux par semaine.
Une tornade de vent l’annonce – ou le chant des enfants de l’école,
aussi joyeux de voir la pluie que les petits Français d’accueillir les premières neiges…
Ils scandent, à la récréation : « C’est la tor-na-de ! »
La pluie tombe alors très raide, de 1 heure à 6 heures durant (mais plus souvent la nuit).
Le soleil reparaît alors, bien chaud, et il sèche vite les chemins.
Seules, les ornières creusées par le passage des camions
gardent l’eau et rendent les routes difficiles.
Elles sont déjà meilleures qu’à notre arrivée, surtout depuis quinze jours,
car chaque village a reçu ordre de « refaire » les routes.
Alors, aux heures et jours dits, tous les hommes s’arment de pelles, de houes,
et s’activent à niveler, afin que les dernières pluies prévues (1 ou 2)
achèvent de tasser les « pistes ».
Enfilons-nous vers Mombaroua.
« Enfilons-nous », oui ! car la voie est parfois étroite, rocailleuse,
ça et là bordée d’un marécage où les grands nénuphars
font vibrer nos sensibilités et « déclancher l’obturateur ».
De longues chaînes de volubilis mauves nous tendent aussi leurs corolles.
Puis, la brousse reprend ses droits : immenses étendues arides et incultes
où quelques bouquets d’arbustes « stériles » viennent rehausser l’horizon.